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J’ai lu que, sous le califat d’Outhmane, une commission fut créée et placée sous la présidence de Zayd ibn Thabit, dans le but de procéder à une révision complète du saint Coran. Mais le texte d’Outhmane n’a pas permis de retenir une manière unique de lire, dans la mesure où l’arabe ancien ne disposait pas de voyelles et certaines de ses consonnes n’avaient pas la même forme (qu’aujourd’hui). On a dû inventé de nouveaux signes pour distinguer les lettres différentes. Mais cela ne mit pas fin à la multiplicité des manières de lire (le texte coranique).
Au milieu du 4e siècle/10e siècle A.C, Ibn Mudjahid, le chef des lecteurs du Coran à Baghdad, réussit à trouver une solution à ce problème. En effet, il dit que le terme lettre peut se substituer au terme lecture . D’où il déclara sept variantes de la lecture juste puisqu’il croyait que c’était le sens de la parole du Prophète (bénédiction et salut soient sur lui) selon laquelle la révélation coranique était faite selon sept manières de lire le Coran.
De nos jours, les célèbres lectures utilisées sont : Warsh, Naafi et Hafs rapportant d’Assim. J’espère que vous ne me renseignerez sur ces différentes manières de lire (le Coran). Existe-t-il des hadith les concernant ?
Louange à Allah.
Premièrement, sachez – puisse Allah vous assister – qu’au début le Coran était révélée selon une seule lettre . Et le Messager d’Allah (bénédiction et salut soient sur lui) ne cessait d’en demander plus à Djibril, et celui-ci finit par lui apprendre de réciter le Coran suivant sept lettres qui étaient toutes pleinement satisfaisantes. Cela s’atteste dans ce hadith d’Ibn Abbas selon lequel le Prophète (bénédiction et salut soient sur lui) a dit : « Djibril m’a appris au début de réciter le Coran suivant une seule lettre . Et puis je l’ai sollicité de façon répétée, et il a porté les lettres à sept » (rapporté par al-Boukhari, (3047) et Mouslim (819).
Deuxièmement, que signifient les lettres ? La meilleure des réponses données à cette question est qu’il s’agit de sept manières de lire qui comportent des variations au niveau des mots mais restent concordantes au niveau du sens. S’il arrive qu’il y ait des variations à propos du sens, cela implique la diversité et la différence et non la contradiction et l’opposition.
Linguistiquement, le terme lettre signifie : manière. C’est dans ce sens que le Très Haut dit : Il en est parmi les gens qui adorent Allah marginalement (Coran, 22 : 11).
Troisièmement, certains ulémas disent que les lettres renvoient aux dialectes arabes. Cet avis est loin d’être juste. Car Omar Ibn al-Khattab dit dans un hadith : « J’ai entendu Hisham ibn Hakim réciter la sourate al-Fourqan d’une manière différente par rapport à la façon de réciter que le Messager d’Allah (Bénédiction et salut soient sur lui) m’avait apprise. Et j’ai failli me précipiter à la stopper. Puis je l’ai laissé terminer. Ensuite j’ai saisi fortement son habit et l’ai amené devant le Messager d’Allah (bénédiction et salut soient sur lui) et dit : « ô Messager d’Allah ! J’ai entendu celui-ci réciter le Coran d’une manière différente de la façon que tu m’as appris de le réciter. Le Messager d’Allah (bénédiction et salut soient sur lui) dit : Récite . Et, il a répété la manière de réciter que j’avais entendu. Le Prophète dit : C’est comme çà qu’il (le Coran) a été révélé . Ensuite il me dit : Récite . Et je l’ai fait. Et il dit : « C’est comme çà qu’il a été révélé. En effet, le Coran a été révélé suivant sept lettres . Récitez-le comme vous le pouvez » (rapporté par al-Boukhari (2287) et par Mouslim (818).
Or il est bien connu que Hisham appartient à la tribu quaraychite des Assad et Omar à la tribu quraychite des Adiy et Qurayche n’avait qu’une seule dialecte. Si la différence de lettres signifiait une différence de dialecte, elle n’aurait pas opposé deux hommes issus de Qurayche.
Les ulémas ont émis près de 40 opinions sur cette question. Mais la plus plausible reste celle que nous avons citée plus haut. Allah le sait mieux.
Quatrièmement, il est clair que les lettres concernent de nombreux mots comme le laisse apparaître le hadith d’Omar. Car la contestation d’Omar portait sur les termes et non sur les sens. Or la différence des lettres constitue une diversité et n’implique nullement la contradiction. À ce propos, Ibn Massoud dit : « C’est comme dirait l’un d’entre vous : viens ici, avance, approche-toi .
Cinquièmement, les sept lectures n’ont pas été établies par le livre et la Sunna ; elles résultent d’un effort de réflexion mené par Ibn Mudjahid (Puisse Allah lui accorder Sa miséricorde). Et les gens ont cru que les sept lettres renvoyaient aux sept lectures à cause de la coïncidence due à l’usage du chiffre 7. Celui-ci a dû être employé soit au hasard, soit pour paraphraser les sept lettres . Certains ont cru que les lettres renvoyaient aux lectures, mais c’est une erreur. Et cet avis n’est pas connu chez les ulémas. Les sept lectures sont arrêtées d’après une des sept lettres , celle que Outhmane établit pour l’ensemble des musulmans.
Sixièmement, quand Outhmane fit reproduire le Coran, il le fit suivant une seule lettre et laissa les points et la vocalisation afin que la transcription permît de réciter le texte suivant les autres lettres . C’est ainsi que fut réalisé un Coran susceptible d’être lu suivant plusieurs lettres . Les lettres acceptables furent utilisées et les autres abrogées puisque les pratiquants des différentes lettres contestèrent chacun de leur côté la lecture des autres, et Outhmane dut les amener tous à adopter une seule version afin de sauvegarder leur cohésion.
Septièmement, dire que Mudjahid a cru que lecture peut remplacer lettre n’est pas exact, comme Cheikh al-Islam Ibn Taymiyya y a fait allusion dans Madjmou al-Fatawa, tome 13/210.
Quant aux sept lecteurs, ils sont :
1 – Nafi, le Médinois ; 2 – Ibn Kathir, le Mecquois ; 3 – Assim, le Kufi ; 4 – Hamza Ziyyat, le Kufi ; 5 – Al-Kissaï, le Kufi 6 – Abou Amr ibn al-Alaa, le Basri ; 7 – Abd Allah ibn Amir, le syrien. Ceux d’entre eux qui disposaient de la chaîne de rapporteurs la plus solide étaient Nafi et Assim. Mais Abou Amr et al-Kissaï étaient les plus éloquents. Warsh et Qaloun ont transmis la lecture de Nafi, et Hafs et Shou’ba ont transmis celle d’Assim. Allah le sait mieux.