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Le hadith évoquant l'attitude de la femme qui ne voulut pas que le Prophète (Bénédiction et salut soient sur lui) se rapprochât d'elle

20-04-2015

Question 118282

J'ai une interrogation à propos de l'un des hadiths du Messager (Puisse Allah lui accorder les meilleurs salut et bénédiction). Quant on introduisit la fille d'al-Djawn auprès du Messager (Bénédiction et salut soient sur lui), ce dernier s'approcha d'elle. La fille lui dit:
-Puisse Allah me protéger contre toi.
-Tu as sollicité la protection d'un Grand! Va rejoindre ta famille.
Quel est le degré d'authenticité de ce hadith? Pourquoi la fille sollicita-elle la protection (divine) contre le Messager d'Allah tout en lui reconnaissant ce titre? Le Messager (Bénédiction et salut soient sur lui) la répudia-t-il à cause de sa seule demande protection ou y'eut il d'autres raisons?

Texte de la réponse

Louange à Allah.

Louanges à Allah

Premièrement, l'histoire est authentique. Elle est rapportée dans de nombreux hadiths et contextes qui se complètent. Al-Bokhari (Puisse Allah lui accorder Sa miséricorde) a rapporté dans son Sahih (5254) d'après l'imam al-Awzaai:J'ai demandé à az-Zouhri: quelle est l'épouse du Prophète (Bénédiction et salut soient sur lui) qui sollicita la protection (divine) contre lui? Il a dit:«Ourwa m'a rapporté d'après Aicha que quand la fille d'al-Djawn fut introduite auprès du Messager d'Allah (Bénédiction et salut soient sur lui) et que ce dernier s'approcha d'elle, la fille lui dit: Puisse Allah me protéger contre toi! Il (le Prophète) lui dit: Tu as demandé la protection d'un Grand. Rejoins ta famille.

Al-Bokharia rapporté encore dans son Sahih (5255) d'après Abi Oussayd (P.A.a):«Nous sortîmes avec le Prophète (Bénédiction et salut soient sur lui) et nous nous rendîmes d'abord à un champ appelé ash-shawt puis nous passâmes à deux autres et nous nous installâmes entre les deux. Le Prophète (Bénédiction et salut soient sur lui) nous dit:Assoyez-vous ici. Puis il entra (dans l'un des champs) à un moment où la djawnie était amenée et installée dans une chambre aménagée entre des dattiers près de la chambre de Maymouna bint d'an-Nou'man ibn Charaahiil. La fille était accompagnée de sa tutrice. Quand le Prophète (Bénédiction et salut soient sur lui) se rendit auprès d'elle et lui dit:

-Marie-toi à moi.

-Une reine peut elle épouser un homme du commun?

Quand il lui tendit la main ,histoire de la calmer, il dit:

-Je sollicite la protection d'Allah contre toi.

-Tu as trouvé un refuge sûr.

Ensuite, il retourna auprès de nous et dit: Abou Ousayd! Habille-la de deux piècesde lin blanc et ramène-la chez elle.

Al-Bokhari (Puisse Allah lui accorder Sa miséricorde) a rapporté encore (n°5256) d'après Abbas ibn Sahl que son père et Abi Ousayd ont dit: Le Prophète (Bénédiction et salut soient sur lui) épousa Oumaymah bint Sharahil. Quant on l'introduisit près de lui, il lui tendit ma main et elle réagit comme si elle désapprouvait le geste. Aussi, dona -t-il à Abi Ousayd l'ordre de l'équiper et de lui offrir deux longues robes de lin blanc.

Al-Bokhari(Puisse Allah lui accorder Sa miséricorde) a rapporté encore (n° 5637) que Sahl ibn Saad (P.A.a) a dit:« On a parlé au Prophète (Bénédiction et salut soient sur lui) d'une femme arabe, et il donna à Abi Ousayd l'ordre dedépêcher quelqu'un auprès d'elle. Arrivée, la femme s'installa dans un fort des Bani Saida. Le Prophète (Bénédiction et salut soient sur lui) se rendit auprès d'elle et la trouva la tête baissée. Quand il lui adressa la parole, elle dit:

-Je demande à Allah de me protéger contre toi.

-Je te protège contre moi-même.

-Connais-tu ton interlocuteur? lui dit l'assistance.

-Non.

-C'est le Messager d'Allah qui vient demander ta main.

-«J'étais trop malheureuse (pour m'en rendre compte à temps?)

Le Prophète (Bénédiction et salut soient sur lui) repartit avec ses compagnons pour se rendre au hangar des Bani Saaida. Ensuite, il dit: donne-nous à boire, ô Sahl! Je leur apportai une coupe remplie d'eau et ils en burent. (Saad montra la coupe aux rapporteurs du hadith et ils l'utilisèrent pour boire). Omar ibn Abdoul Aziz lui demanda la coupe plus tardet il la lui offrit.» (Rapporté par Mouslim encore (2007).

Deuxièmement, une divergence oppose les ulémas au sujet du nom de la femme et aboutit à sept avis dont le mieux argumenté selon la plupart d'entre eux est Oumayma bint an-Nou'man ibn Sharahil déjà indiqué clairement dans la versiond'Abi Oussayd. On dit encore qu'elle s'appelait Asmaa.

Troisièmement, pourquoi la femme Djawni sollicita-telle la protection contre le Messager d'Allah (Bénédiction et salut soient sur lui)?

On peut suggérer les réponses suivantes:

1.On peut dire qu'elle ne connaissait pas encore le Messager d'Allah (Bénédiction et salut soient sur lui) comme le laisse entendre la dernière des versions suscitées dans laquelle on lit: -Connais-tu ton interlocuteur? lui dit l'assistance.

-Non.

-C'est le Messager d'Allah qui vient demander ta main.

-«J'étais trop malheureuse (pour m'en rendre compte à temps?)

Al-Hafedz Ibn Hadjar (Puisse Allah lui accorder sa miséricorde) dit: D'autres disent qu'il est probable qu'elle ne connaissait pas le Prophète (Bénédiction et salut soient sur lui) et que c'est pourquoi elle lui parla comme elle le fit. Mais la présentation de l'histoire dans ses différentes voies exclut cette probabilité.

On verra vers la fin du chapitre sur les boissons une version (du hadith) reçue d'Abou Hazemd'après Sahl. Puis Ibn Hadjar cite la dernière version avant de poursuive:«Si l'histoire reste la même, les propos (du Prophète) dans la présente version:ramène-la chez elle et ces propos cités dans le hadith d'Aicha: rejoins ta famille. n'expriment pas une répudiation. Ils indiquent qu'elle ne le connaissait pas. Si l'histoire s'est reproduite plusieurs fois- ce que rien n'empêche-, il se peut que la femme en question ici est la Koullbite dont l'histoire reste confuse.» Fateh al-Baari ( 9/358).

2. Des ulémas avancent que la cause de sa demande de protection contre le Prophète (Bénédiction et salut soient sur lui) était que certaines épouses de ce dernier l'avait trompée en la faisant croire qu'il (le Prophète) aimait entendre de tels propos et qu'elle les exprima pour lui plaire sans se rendre compte qu'il allait la prendre au mot et se débarrasser d'elle.

Cette interprétation est reçue de trois voies:

La première voie est celle citée par Ibn Saad dans at-Tabaqaat (8/143-148) et d'al-Hakim dans al-Moustadrak (4/39) par la voie de Muhammad ibn Omar al-Waqui, jugé faible en matière de Hadith.

La deuxième voie est celle citée par Ibn Saad dans les Tabaqaat (8/144) à l'aide de sa chaîned'après Said ibn Abdourrahman ibn Abzaa qui dit: «La femme Djawni demanda à (Allah) de la protéger contrele Messager d'Allah (Bénédiction et salut soient sur lui). On lui dit: tu aurais une meilleure chance avec lui! Aucune femme en dehors d'elle n'avait demandé à être protégée contre lui. Celle qui l'a fait fut victime de sa beauté et de son statuts .On interrogea le Messager d'Allah (Bénédiction et salut soient sur lui) sur la réactionde la femme en question et il dit: Elles (les femmes) sont comme les compagnonnes de Joseph.

La troisième voie est citée par Ibn Saad dans les Tabaqaat (8/145) où il dit: Hisham ibn Muhammad ibn as-Saib d'après son père d'après Abou Salih d'après Ibn Abbas qui a dit: «Le Messager d'Allah (Bénédiction et salut soient sur lui) a épousé Asmaa bint Nou'man, l'une des plus belles filles de son temps.. Il (le Prophète) avait demandé sa main à son père par l'intermédiaire d'une délégation de Kinda venue le rencontrer. Quand le Messager d'Allah (Bénédiction et salut soient sur lui) commença à chercher des épouses étrangères, Aicha dit:S'il se donnaitdes épouses étrangères, ellesle détourneraient de nous.

Quand les femmes du Prophète (Bénédiction et salut soient sur lui) virent la fille, elle éprouvèrent de la jalousie envers elle et lui dirent: si tu veuxjouir de ses faveurs, demande à Allah de te protéger contre lui quand il se retirera avec toi. Quand il(le Prophète)se retrouva seul avec la nouvelle mariée, baissa le rideau de la chambre et tendit sa main à sa femme, celle-ci dit:

-Je demande à Allah de me protéger contre toi.

-Tu as trouvé un refuge sûr. Rentre auprès de ta famille.

Le même rapporteur dit encore: Hisham ibn Muhammad nous a rapporté d'après Ibn al-Ghassil d'après Hamza ibn Abi Assid as-Saaidi que son père- qui avait assisté à la bataille de Badre- a dit:«Le Messager d'Allah épousa la Djawnie ,Asmaa bint Nou'man. Il me dépêcha pour aller la chercher. Aicha et Hafsa se dirent: «Enduisons-la du henné et préparons sa coiffure. L'une d'elles dit à la nouvelle mariée:« Le Prophète (Bénédiction et salut soient sur lui) aime entendre sa nouvelle épouse lui dire: Je demande à Allah de me protéger contre vous. Quand elle se retrouva seule avec lui et que la porte fut fermée et le rideau tiré, elle lui dit: Je demande à Allah de me protéger contre vous. Il (Le Prophète) se cacha le visage à l'aide de sa manche et dit trois fois: Tu as trouvé un refuse sûr. Abou Asid ajoute:« Ensuite , il retourna auprès de moi pour me dire: O Abou Assid, ramène-la chez elle après lui avoir offert deux pièces en lin blanc. Elle disait plus tard: Appelez-moi La malheureuse!

Ces voies se consolident et attestent que l'histoire est bien fondée.

3. D'autres ulémas mentionnent que la cause de sa demande de protection (contre le Prophète) résidait dans son orgueil car elle était belle et issue de l'une des grandes familles desArabes et ne voulait épouser qu'un roi! Cette explication est étayée par ce qui est dit dans la version citée plus haut qui dit: «Quand le Prophète (Bénédiction et salut soient sur lui) s'introduisit auprès d'elle et lui dit:

-Marie-toi à moi.

-Une reine peut elle épouser un homme du commun?

quand il lui tendit la main ,histoire de la calmer, il dit:

-Je sollicite la protection d'Allah contre toi.

-Tu as trouvé un refuge sûr.

Ensuite, il retourna auprès de nous et dit: Abou Ousayd! Habille-la de deux piècesde lin blanc et ramène la chez elle.

Selon al-Hafedh ibn Hadjar (Puisse Allah lui accorder sa miséricorde), le terme souqa (gens du commun) signifie initialement gens à diriger car le roi les dirigent et ils lui obéissent de manière à lui permettre de les utiliser dans ses besoins. Quant aux gens du souq (marché), on les qualifie de souqi (au singulier ). Il y a là(dans la réaction de la fille) des tracesde la vie antéislamique. Pour les gens de cette époque, est souqi tout homme qui n'est pas un roi. Peu importe qui il était. La fille réagissait comme si elle excluait qu'une reine pût épouser quelqu'un qui n'était pas un roi.

On n'avait donné au Prophète (Bénédiction et salut soient sur lui) la possibilitéde choisirle statut de roi-prophète mais, par humilité envers son Maître, il choisit celui de prophète-serviteur. Le Prophète (Bénédiction et salut soient sur lui) ne tint pas compte des propos de la fille, vu qu'on venait de sortir de l'époque antéislamique.» Voir Fateh al-Bari(9/358).

Voilà ce que nous avons trouvé à propos des raisons( de la réactions de la fille) citées dans les versions (du hadith) et dans les propos des ulémas. Tout cela reflète la noblesse de caractèreduProphète (Bénédiction et salut soient sur lui) car il ne se permit pas d'épouser une femme malgrès elle et se refusait de porter atteintephysiquement ou financièrement à l'un quelconque des musulmans.

Allah le sait mieux.

La biographie du Prophète
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