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Comment s’imposer la patience en cas d’épreuve?

02-09-2018

Question 264679

Comment se manifeste la réaction des gens dictée par la colère quand ils sont frappés par une épreuve?

Par exemple :Mousaab ibn Oumayr (P.A.a) fut choqué  quand il fut éprouvé à travers sa mère.Qu’est-ce qu’il fit? Pour me faire mieux comprendre, je n’entends pas dire que Mousaab ibn Oumayr se montra paniqué mais je veux un exemple illustrant l’incapacité de demeurer patient devant une épreuve comme ce fut le cas de Mousaab ibn Oumayr?

Texte de la réponse

Louange à Allah.

Premièrement, la vie est naturellement jallonnée d’épreuves .Celui qui ne s’y prépare et ne s’arme pas de patience se laissera assombrir l’existence et perdra la récompense dans l’au-delà.

Il convient que nous , musulmans, méditions le livre de notre Maître, notamment l’ordre et l’exhortation qu’Il nous y a adressés  pour que nous demeurions patients.Il convient encore que nous réexaminions les conditions de vie de notre prophète (Bénédiction et salut soient sur lui), la vie de ses compagnons et celle de nos pieux ancêtres pour voir comment ils ont enduré de dures épreuves et comment prendre exemple sur eux.

Il n’est un secret pour personne que la patience procure une énorme récompense et un haut grade auprès d’Allah le Puissant et Majestueux .Que les endurants soient félicités pour la bonne nouvelle provenant d’Allah: Apporte la bonne nouvelle aux gens patients (Coran,2:155) .

Deuxièmement, l’histoire relative à Mousaab ibn Oumayr (P.A.a) ne prouve pas qu’il fut paniqué et n’était pas endurant.Tout ce qu’on rapporte est qu’il subit patiemment l’emprisonnent à La Mecque et que , pendant ce temps , il invitait sa mère à se convertir à l’islam et ne dit pas les propos qui lui sont attribués dans la question.

Ibn Isaac a rapporté dans ses récits de guerre d’après Saad ibn Abi Waqqas: Nous vivions à La Mecque aux côtés du Messager d’Allah (Bénédiction et salut soient sur lui) dans de dures conditions.Quand l’épreuve s’abattit sur nous , nous y avons reconnu la difficile vie du passé et demeurâmes patients.Quant à Mousaab ibn Oumayr, il était le garçon le plus heureux, le mieux traité par ses père et mère.Je l’ai retrouvé durement éprouvé après sa conversion à l’islam au point que sa peau se détériorait à la manière de celle du serpent.Plus tard, Allah le honora en lui faisant subir le martyr le jour d’Ouhoud.  Extrait de siyar wal-maghazi,P.193.

Troisièmement, des compagnons furent si durement éprouvés qu’ils adoptèrent  une réaction réprouvée par le Prophète (Bénédiction et salut soient sur lui).Il leur donnait l’ordre de demeurer patient et les orientait vers la voie juste et ils se ressaisissent tout de suite.Puisse Allah les agréer.

D’après Anas ibn Malick (P.A.a): « Le Prophète (Bénédiction et salut soient sur lui) passa près d’une femme qui pleurait au bord d’un tombe, et lui dit:

- Crains Allah et reste patiente. 

- Va-t-en, tu n’es pas sensible à mon malheur! Tu n’es pas au courant!  Plus tard, on apprend à la dame que son interlocuteur n’était autre que le Prophète (Bénédiction et salut soient sur lui).Elle se rendit aussitôt à la porte du Prophète (Bénédiction et salut soient sur lui) et ne trouva pas de portiers sur place.Elle entra et dit:

- Je ne t’avais pas reconnu (l’autre jour)! 

- La patience (recommandée) est celle adoptée dès le  premier choc.  Lui dit-il. (Rapporté par al-Boukhari,1283 et Mouslim (926).

Al-Hafezd Ibn Hadjar (Puisse Allah lui accorder Sa miséricorde ) écrit dans Fateh al-Bari (3/149): Al-Qourtoubi dit:  Apparemment, la femme pleurait exagérément en se livrant à des cris et gestes. C’est pourquoi il (le Prophète) lui donna l’ordre de craindre Allah.  Ibn Hadjar ajoute : «Cet avis est corroboré par ce qu’on lit dans un hadith mursal du précité Yahya ibn Abi Kathir:  Il (le prophète) entendit d’elle (la femme) des propos inacceptables et il s’arrêta…  Pour at-Tayyibi, les propos:  Crains Allah.  introduisent la suite :  Reste patiente.  C’est comme s’il lui disait : crains  de t’exposer à la colère d’Allah si tu ne restes pas patiente.Eviter la  panique  pour jouir de la récompense divine  » La phrase:  elle ne le connaissait pas .  signifie qu’elle lui parla comme elle le fit parce qu’elle ne savait qu’il était le Messager d’Allah.Une version de Mouslim ajoute : Elle faillit rendre l’âme…  C’est-à-dire qu’elle fut extrêmement impressionnée quand elle connut son interlocuteur.Les propos :  La vraie patience est celle manifestée lors du premier choc.  signifie:  C’est-à-dire celle qui exprime la fermeté devant les premiers signes de frayeur . C’est celle-là qui est considérée comme la parfaite patience qui génère la récompense.  Pour at-Tayyibi, cette réponse du Prophète (Bénédiction et salut sont sur lui) fut une réaction à ses propos:  Je t’avais pas reconnu. Une sage manière pour dire:   Ne t’excuse pas : rien ne me met en colère en dehors de ce qui concerne Allah.Fais ton autocritique. 

Az-Zoubayr ibn al-Mounir dit:  L’utilité de la réponse de la femme réside dans le fait que quand elle vint plus tard manifester son exécution de l’ordre qui lui avait été donné de demeurer pieuse et endurante, elle entendait en même temps s’excuser d’avoir auparavant proféré des propos dictés par la tristesse.Il (le Prophète) lui expliqua que la patience ordonnée est à observer dès le début.C’est celle-là qui génère la récompense.  Cette explication est étayée par la  version suscitée d’Abou Haourayra:  Elle dit: je resterai patient, je resterai patiente.  Le hadith renferme d’autres avantages à savoir:

-      on doit accepter le bon ordre même quand on ne connait pas celui qui le donne;

-      le fait de lui donner l’ordre de craindre Allah et de demeurer patiente revient à lui interdire de paniquer;

-      il est désirable de supporter la mauvaise réaction don on peut s’exposer quand on donne un conseil ou délivre un sermon. »

Dans al-qawl al-moufiid (2/215) Cheikh Ibn Outhyamine (Puisse Allah lui accorder Sa miséricorde) a dit: « A l’arrivée du malheur, on constate chez les gens quatre types de réactions:

La première  se traduit par le dépit qui nait dans le coeur.Il peut consister à s’en vouloir à son Maître , à se montrer insatisfait de Son décret, ce qui peut conduire à la mécréance. Sous ce rapport, le Très-haut dit:  S’il leur arrive un bien, ils s’en tranquillisent, et s’il leur arrive une épreuve, ils détournent leur visage, perdant ainsi (le bien) de l’ici-bas et de l’au-delà. Telle est la perte évidente! (Coran,22:11).Le dépit peut encore s’exprimer à travers des cris au cours desquels on demande que  toutes sortes de malheurs et d’autres choses semblables  s’abattent sur soi-même ! Le dépit peut s’exprimer physiquement par des coups contre soi-même, par déchirer ses propres vêtements ou s’arracher les cheveux et d’autres gestes semblables.

Le deuxième type de réaction consiste à demeurer ferme comme le dit un poète:

Le sabr  (Aloe) est comme son nom l’indique d’un goût amer

Les conséquences de son usage restent toutefois plus délicieux que le miel

Bien que trouvant le sort lourd et détestable, on le supporte patiemment. On y est pas indifférent car on le déteste mais sa foi l’empêche d’extérioriser  son dépit.

La quatrième type de réaction consiste à se montrer satisfait. C’est supérieur aux réactions précédentes.Car là, on est complètement indifférent par rapport aux décret et jugement divins (favorables ou défavorables).Quand bien même on serait  envahit par le sentiment de  tristesse à l’avènement du malheur, on s’y adapterait pas moins aux décret et jugement  d’où qu’ils viennent ; qu’ils nous frappent sur une plaine ou sur les flancs d’une montagne.Peu importe qu’ils nous favorisent ou nous défavorisent. Tout cela nous est égal, pas que nous ayons le coeur mort mais parce que nous  sommes totalement  satisfaits du Transcendant et Très-haut et qu’on nous  nous  délectons  dans les actes du Maitre le Puissant et Majestueux qui nous restent égaux.Nous n’y voyons que les décisions de notre Maître.C’est là que réside la différence entre la satisfaction et la patience.

Le quatrième type de réaction est la reconnaissance. C’est le type supérieur.Il consiste à exprimer sa reconnaissance envers Allah quand on est frappé d’un malheur.C’est la conduite des serviteurs reconnaissants d’Allah.Ils pensent qu’il y a d’autres malheurs bien pires , que les malheurs de la vie profane sont moins graves que ceux qui touchent la foi , que les malheurs de la vie d’ici-bas sont moindres comparés à ceux de l’au-delà et que les présents malheurs peuvent expier ses péchés et peut -être amplifier ses bonnes actions.C’est ce qui lui inspire la reconnaissance envers Allah. C’est à ce propos que le Prophète (Bénédiction et salut soient sur lui) a dit: Tout malheur ou trouble qui frappe le croyant, ne serait-ce qu’une piqûre d’épine,  possède une vertu expiatoire.  (Rapporté  par al-Boukhari et par Mouslim)

 Pour conclure, nous vous disons, chère esclave d’Allah!: Il convient plutôt que tu poses des questions et fais des investigations  au sujet de ce qui te profite dans ta religion et consolide ta foi au lieu de t’occuper de ce qui peut l’affaiblir.Si tu poses une question , elle doit porter sur les modèles de patience  et de satisfaction chez les compagnons et les ancêtres pieux. Combien ils furent exemplaires  dans leur endurance  et leur résistance à la peur! Voilà les aspects de leurs  biographies sur lesquels l’on doit se focaliser et prendre exemple sur eux.

Quant à s’arrêter sur les cas où ils succombèrent , c’est mettre en relief leur faiblesse humaine qui doit être passée sous silence. En d’autres termes, on les rapporte pas et ne les aborde pas dans des questions à poser car nous n’avons pas à les y imiter.

Si nous savons qu’une femme réagit par faiblesse  suite à la perte de son enfant, cela n’est pas à imiter . Nous ne nous  y attardons pas et ne posons pas de questions à ce sujet.

La  moralité de ce récit réside dans la parole du Prophète (Bénédiction et salut soient sur lui) dans laquelle il donne à l’intéressée l’orde d’observer la patience et d’éviter de rater l’occasion de la rendre patience belle pour ne l’avoir pas fait depuis le premier choc   Attendre de retrouver ses esprits et de redevenir calme pour recourir à la patience après avoir paniqué n’est pas utile car il faut rester ferme dès le début.

En somme, l fidèle serviteur bien assisté (par Allah) doit veiller à poser des questions concernant ce qui lui profite dans ses vies religieuse et profane au lieu de s’intéresser à ce qui lui porte préjudice.Ses questions doivent porter sur les nobles moeurs non sur  des inanités.Il doit viser les aspects exemplaires de la conduite des ancêtres et éviter de se livrer à des investigations sur les cas de faiblesse  inhérents à la vie humaine parce qu’inséparables de nos conditions de vie et de nos affaires courantes.Voilà ce qui nous assiste à acquérir un savoir utile et de bons exemples à suivre. Puisse Allah nous assister tous à faire ce qu’Il maie en fait d’actes et de paroles.

Allah le sait mieux.

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