Mardi 9 Ramadan 1445 - 19 mars 2024
Français

L’honneur des prédicateurs et des réformateurs

Question

Il est devenu fréquent ces derniers jours de remettre en cause l’honorabilité des prédicateurs et de les classer en partis … Qu’en pensez-vous ?

Texte de la réponse

Louange à Allah.

Louanges à Allah

Certes, Allah Puissant et Majestueux ordonne l’équité et la bienfaisance et interdit l’injustice et l’agression. Allah a investi Son prophète Muhammad de la même mission dont Il avait investi tous les autres messagers. Cette mission consiste à appeler à la foi en l’unicité absolue d’Allah, à Lui rendre un culte sincère et exclusif.

Allah a donné à Son messager l’ordre d’appliquer la justice et lui a interdit le contraire en particulier l’adoration d’un autre qu’Allah, la division et la transgression des droits des fidèles.

Il est courant de nos jours que bon nombre des gens qui réclament la possession d’un savoir religieux et la pratique de la prédication remettent en cause l’honorabilité de beaucoup de leurs frères qui sont de célèbres prédicateurs ; ils mettent aussi en doute l’honorabilité des chercheurs du savoir religieux, des prédicateurs et des conférenciers. Ils enregistrent cela dans des cassettes destinées au public. Parfois ils le font ouvertement dans le cadre de conférences publiques prononcées dans les mosquées. Cette démarche est contraire à l’ordre donné par Allah et son messager à plusieurs égards :

Premièrement, c’est une transgression des droits des musulmans, en particulier ceux  des chercheurs du savoir religieux et des prédicateurs  ayant fait de leur mieux pour conscientiser les gens, pour les orienter et pour rectifier leurs croyances et leurs méthodologies; des gens qui s’efforcent d’organiser des cours et des conférences et d’écrire des ouvrages utiles.

Deuxièmement, cela revient à diviser les musulmans et à semer des dissensions au sein d’eux, à un moment où ils éprouvent le grand besoin de rester unis loin des dissensions, des divisions et des racontars visant à les opposer entre eux. C’est d’autant plus (condamnables) que les victimes appartiennent aux partisans de la communauté des sunnites orthodoxes connus pour leur combat contre les innovations et fausses croyances, pour leur opposition à ceux qui les propagent et pour l’effort qu’ils déploient pour déjouer les plans et les pièges de ces derniers. Nous pensons que nul n’a intérêt à agir dans ce sens à l’exception des ennemis tapis dans l’ombre parmi les mécréants, les hypocrites et les partisans égarés des innovations.

Troisièmement, cette démarche revient à soutenir les propagandistes (antireligieux) issus des laïcs, des occidentalisés et des athées notoirement connus pour leur promptitude à recourir au mensonge au détriment des prédicateurs, contre lesquels ils s’évertuent, dans leurs écrits et enregistrements , à monter les gens. C’est bien contraire aux exigences de la fraternité islamique de comploter avec les ennemis contre leurs frères que sont les chercheurs du savoir religieux et les prédicateurs.

Quatrièmement, cela aboutit à la corruption des cœurs aussi bien chez l’élite que chez le public. Car il s’agit de diffuser des mensonges et de fausses rumeurs véhiculées par la médisance et le colportage dans le but de laisser grandement ouvertes les portes du mal pour laisser passer les âmes débiles habituées à semer le doute dans les esprits et à susciter des troubles et à porter atteinte à des croyants innocents.

Cinquièmement, la plupart des propos diffusés ne repose sur aucune réalité. Car il s’agit de supputations que Satan a embellies et inspirées à leurs auteurs. Or Allah Très Haut a dit :  Ô vous qui avez cru! Evitez de trop conjecturer (sur autrui) car une partie des conjectures est péché. Et n' espionnez pas; et ne médisez pas les uns des autres. L' un de vous aimerait- il manger la chair de son frère mort? (Non!) vous en aurez horreur. Et craignez Allah. Car Allah est Grand Accueillant au repentir, Très Miséricordieux. (Coran, 49 :12).

Il convient au croyant de trouver la meilleure interprétation aux propos de ses frères en la foi. L’un des ancêtres pieux dit à ce propos :  Ne donnez pas une mauvaise interprétation à un mot prononcé par ton frère en religieux alors qu’il est possible de lui trouver une bonne interprétation .

Sixièmement, si certains ulémas ou chercheurs du savoir religieux mènent un effort d’interprétation personnel dans un domaine où cela est permis, on ne saurait pas leur reprocher leurs éventuelles erreurs, pourvu qu’ils s’avèrent aptes à mener un tel effort. Si l’on n’est pas d’accord avec eux, il vaut mieux discuter avec eux de la plus belle manière, afin d’atteindre la vérité par le chemin le plus court et pour écarter les intrigues de Satan toujours prêt à semer la zizanie entre les croyants. Si la discussion s’avère impossible et si chaque partie croit devoir rendre publique son point de vue, il faut pour cela employer les meilleures expressions, les plus courtoises, sans s’attaquer à personne, sans blesser personne et sans usiter des termes déplacés pouvant entraîner le rejet définitif de la vérité. Il faut aussi éviter la personnalisation des débats et la remise en cause des intentions et l’excès de langage. Le Messager d’Allah (bénédiction et salut soient sur lui) avait l’habitude, dans ces situations, d’employer des expressions telles :  pourquoi des gens disent-ils telle ou telle chose ? .

Le conseil que je donne à ceux qui ont remis en cause l’honorabilité des prédicateurs, ceux qui se sont attaqués verbalement ou par écrit à ces derniers, est de se repentir devant Allah Très Haut de ce qu’ils ont écrit ou prononcé, (de leurs écrits et/ou discours) qui ont corrompu les cœurs des jeunes et les ont rempli de haine et détourné de l’acquisition d’un savoir utile et de l’appel à Allah pour les amener à raconter des histoires (malveillantes) contre un Tel ou un Tel et à chercher à n’importe quel prix  ce qu’ils considèrent comme des défauts chez les autres.

Je leur conseille encore d’expier leurs fautes par écrit ou par d’autres moyens de façon à désavouer ces actions et à en effacer les effets des esprits de ceux qui les écoutent. En plus, ils doivent se livrer à des œuvres fructueuses, utiles et aptes à les rapprocher d’Allah. Ils doivent encore cesser de se précipiter à déclarer les gens mécréants, dévoyés ou innovateurs (en religion) sans s’appuyer sur une preuve claire et irréfutable. Car le Prophète (bénédiction et salut soient sur lui) a dit : « Si quelqu’un dit à son frère en religion :  ô mécréant ! . L’un d’eux le devient » (cité dans les Deux Sahih).

Quand les prédicateurs et les chercheurs du savoir découvrent une ambiguïté dans les propos des ulémas et des autres, ils doivent se référer à des ulémas  reconnus et leur demander d’expliquer ce qu’il en est pour découvrir la vérité et se débarrasser du doute conformément à la parole d’Allah le Puissant et Majestueux dans la sourate des femmes : Quand leur parvient une nouvelle rassurante ou alarmante, ils la diffusent. S' ils la rapportaient au Messager et aux détenteurs du commandement parmi eux, ceux d' entre eux qui cherchent à être éclairés, auraient appris (la vérité de la bouche du Prophète et des détenteurs du commandement). Et n' eussent été la grâce d' Allah sur vous et Sa miséricorde, vous auriez suivi le Diable, à part quelques-uns.  (Coran, 4 : 83).

Nous demandons à Allah d’améliorer les conditions des musulmans, de concilier leurs cœurs, de les amener à œuvrer ensemble dans la piété, d’assister tous les ulémas et tous les prédicateurs à faire ce qui L’agrée et profite à Ses serviteurs, de réaliser leur consensus (sur l’essentiel), de les mettre à l’abri des causes de la division et des divergences de vue, de leur donner la victoire grâce à la vérité et de faire disparaître le faux grâce à eux. Car Il en est certes capable. Puisse Allah bénir et saluer notre Prophète Muhammad, sa famille, ses compagnons et ceux qui l’auront bien suivis jusqu’au jour de la Résurrection.

Source: Voir l’ouvrage intitulé Madjmou fatawa Wa maqalat mutanawwia de Son Eminence Cheikh Abd al-Aziz Ibn Baz (Puisse Allah lui accorder sa miséricorde) Vol. 7, p. 311