Jeudi 20 Djoumada 1 1446 - 21 novembre 2024
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Entre l’habitude et le culte

Question

Existe-t-il une solution à l’emprise de l’habitude? Je m’explique: quand je récite une sourate déterminée, je me sens plongé dans une profonde révérence. Et puis, au fil du temps, ce sentiment s’émousse comme si mon coeur s’habituait à la compréhension des sens et à leur méditation et s’en contentait. C’est encore ce qui m’arrive avec certaines invocations. Existe-t-il une solution?

Texte de la réponse

Louange à Allah.

Premièrement, l’habitude est une notion neutre. C’est bien de se donner une bonne habitude et d’y persister de manière à s’y conformer spontanément.On lit dans un hadith: « Le bien nait de l’habitude et le mal de la dispute. » (Rapporté par Ibn Madjah (221) et par Ibn Hibban dans son Sahih (310).

D’après Aicha, le Messager d’Allah (Bénédiction et salut soient sur lui) possédait une natte qu’il se réservait pour ses prières nocturnes. Les gens se mettaient à prier autour d’elle. Et il la déployait dans la journée.Au cours d’une nuit, ils se sont roués vers l’emplacement de la natte et il leur a dit: «Ô gens! Contentez vous des actes que vous êtes en mesure de perpétuer car Allah ne se lassera avant que vous ne le fassiez. Les actes qui Lui sont les plus préférables sont les plus pérennes, fussent-ils peu nombreux. » La famille de Muhammad (Bénédiction et salut soient sur lui) avait l’habitude , chaque fois qu’elle adoptait une pratique, de la pérenniser. » (Rapporté par al-Boukhari,5861 et par Mouslim,782).

C’est dans ce sens qu’Abou Tayyip dit:

« Lindividu est prisonnier de ses habitudes… »

Il est bien connu que l’une des plus importantes causes de la persévérance du fidèle dans son cheminement vers Allah consiste à s’aménager des actes de dévotion à perpétuer de manière à en faire une habitude à l’abri de toute négligence et de toute paresse. En effet, le Prophète (Bénédiction et salut soient sur lui) tenait à persévérer dans ses actes de dévotion. Et sa famille en faisait de même.

Deuxièmement, quand on est mu par l’habitude et dépourvu de tout sentiment d’accomplir un acte cultuel puisqu’on agit machinalement, on est alors en danger et l’on doit se ressaisir. Car la récompense générée par un tel acte dépend de la concentration (la présence du coeur) comme le dit le Transcendant : « Bienheureux sont certes les croyants, ceux qui sont humbles dans leur Salat, » (Coran,23:1-2)

Il est important de s’assurer la présence du coeur pour éviter de se distraire.

Cheikh Ibn Baz (Puisse Allah lui accorder Sa miséricorde) a été interrogé en ces termes: « J’ai lu dans un livre un conseil selon lequel l’on doit faire du culte une habitude…Comment un musulman peut-il maintenir la vraie nature de l’acte de dévotion pour qu’elle ne devienne pas  une habitude? Puisse Allah vous récompenser par le bien. »

Voici sa réponse: « N’en fêtes pas une habitude mais plutôt un acte fait pour se rapprocher à Allah. Ce qui transcende l’habitude. Quand tu fais la prière de l’aurore , fais la pas parce que tu as l’habitude de la faire, mais parce qu’elle te rapproche à Allah. Il en est de même pour les prières nocturnes. On s’y livre pas qu’elles relèvent d’une habitude individuelle ou une pratique héritée du père ou de la mère mais en tant qu’acte de dévotion.

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Troisièmement, la diversification des actes cultuels vous facilite la concentration

1. Les diversifier c’est  les alterner de manière à passer de la prière à la  récitation du Coran puis à la  remémoration d’Allah puis à  aumône puis à la  piété filiale puis à l’entretien des liens de parenté puis à la visite auprès des malades puis  à l’accompagnement des mors lors de  leur enterrement.

2. Déployer un effort d’endurance pour assurer la présence du coeur. A ce propos, Ibn al-Qayym dit dans Ouddatous Sabirine (65-66): « L’endurance accompagne l’action. Le fidèle combat avec persévérance les facteurs de la négligence et du laxisme, et maintient son effort d’endurance en se souvenant de son intention (initiale) et pour veiller à la présence de son coeur devant l’Adoré de sorte à ne pas L’oublier pendant l’exécution de Son ordre. Ce qui importe, c’est moins l’exécution de l’ordre que de garder toujours en mémoire l’Auteur de l’ordre… » Voilà comment les plus sincères des dévots se comportent. On a besoin de l’endurance qui permet d’accomplir l’acte de dévotion en bonne et due forme et de manière à en respecter les piliers , les devoirs et les sunnas, comme on a besoin de garder l’Adoré en mémoire et de ne pas se laisser détourner de Lui par l’acte de dévotion. Il faut éviter que la présence de celui-ci dans le coeur aux côtés d’Allah ne détourne les organes de leur dévotion et que l’accomplissement de l’acte par les organes n’empêche le coeur d’être présent devant le Transcendant. »

3. Redoubler d’efforts dans l’invocation. C’est un des plus importants moyens qui aident à demeurer présent avec Allah et de s’assurer Son aide.

4. Ne pas interrompre l’acte de dévotion.Car c’est un moyen que le Diable emploie pour décourager le fidèle après l’avoir privé de la présence du coeur. Que le croyant se méfie et qu’il persévère dans son acte.

5. Veiller à bien se préparer pour l’acte et à se débarrasser de tout ce qui est de nature à préoccuper le coeur. Sous ce rapport, Aicha a rapporté que le Messager d’Allah (Bénédiction et salut soient sur lui) a dit: «Que personne ne se mette à prier en présence d’un repas ni quand on est confronté à une forte envie de se débarrasser… » (Rapporté par Abou Dawoud (89) 

Allah le sait mieux.

Source: Islam Q&A