Vendredi 21 Djoumada 1 1446 - 22 novembre 2024
Français

Est-il confirmé dans les textes religieux que La Mecque est au centre de la terre ?

Question

J’ai entendu que La Mecque est située au centre de la terre. Est-ce vrai?

Texte de la réponse

Louange à Allah.

L’étude de cette question englobe deux aspects religieux et scientifique. Le premier consiste à rechercher des arguments dans le Coran, dans les hadiths et dans les traditions en rapport avec le sujet. L’aspect scientifique consiste à examiner les recherches scientifiques et les preuves tangibles qui élucident la question.

Premièrement, s’agissant de l’aspect religieux, certains ulémas disent qu’on trouve dans le saint Coran des allusions à cette théorie tandis que la Sunna prophétique et des traditions reçues des ancêtres pieux l’affirment nettement. Quant aux allusions coraniques, on les trouve dans la parole du Très-haut :  Et aussi Nous avons fait de vous une communauté de juste milieu…  (Coran, 2 :143). Car le verset est révélé dans le cadre de l’ordre donné de faire de la Kaaba la direction vers laquelle on doit s’orienter dans la prière. C’est comme si le verset voulait dire : puisque la Kaaba se situe au centre de la terre,nous avonsfait de vousune communauté du Centre, donc du juste milieu par rapport aux autres nations.

Al-Qourtoubi dit dans al-djaali’ li ahkam al-qour’an (2/153) : Le sens du verset est : puisque la Kaaba est au centre de la terre, nous avons fait de vous une communauté du juste milieu.  Cependant c’est l’une de six explications citées par les exégètes des deux parties comparées dans la parole du Très-haut : Et aussi Nous avons fait de vous..  la plus évidente, peut-être, est celle mentionnée par Ibn Djarir at-Tabari dans son Tafsir (3/141) : Ô croyants! Comme nous vous avons guidé par l’entremise de Muhammad (Bénédiction et salut soient sur lui) chargé d’un message reçu d’Allah et vous avons assisté à découvrirla quibla d’Abraham et sa religion et vous avons préférésen cela aux autres communautés , nous vous avonspréféré aux adeptes des autres religions en faisant de vous une communauté de juste milieu. Voir Tafsir al-Qouran al-adhziin (1/454) ; Mafaatih al-Ghayb (2/387) ; ad-durr al-massoun (2/134).

En plus, il y a une allusion dans la parole du Puissant et Majestueux : Voici un Livre (le Coran) béni que Nous avons fait descendre, confirmant ce qui existait déjà avant lui, afin que tu avertisses la Mère des Cités (La Mecque) et les gens tout autour…  (Coran, 6 :92). Certains ulémas disent que La Mecque est appelée la mère des cités puisqu’elle a précédé tous les villages de la terre et c’est à partir d’elle que la terre fut déployée. Aussi est-elle le centre de la terre. Des ulémas disent encore que son appellation Makka implique une allusion à sa position comme centre situé au milieu de la terre.

Ar-Raghib al-Asfahani dit dans Moufrdat al-Qouran (1/470-471) :  Le terme Makak dérive de Makkah qui provient du verbe tamakaktou al- adzhm : j’ai sucé la moelle d’un os. Imtakka al-fassil maa fii dhir’ oummihi : le petit animal a sucé la mamelle de sa mère. Tamkouk ici exprime une recherche poussée. On a donné à la localité cette appellation car elle avait la réputation de détruire celui qui y commettait une injustice. Selon al-Khalil on lui a donné cette appellation parce qu’elle est située au milieu de la terre comme la moelle qui constitue l’originede l’os.  Voir Mafatiih al-Ghayb (4/310) qui donne à Makkah de nombreuses autres dérivations.

En somme, le saint Coran ne contient ni un texte, ni une indication ni une allusion claire que La sainte Mecque ou l’honorable Kaaba se trouvent au centre ou au milieu de la terre. Tout ce qui est reçu à ce propos n’est rien d’autre que des allusions probables et des références ambigües.

Deuxièmement, s’agissant des hadiths prophétiques hautement attribués, nous avons tenté d’en faire un recensement exhaustif dans les livres de la Sunna pour en découvrir les différentes versions et voies de transmissions. Nous n’avons trouvé qu’un seul hadith hautement attribué relatif au présent sujet. Il s’agit du hadith rapporté par Ibn Abbas (P.A.a) selon lequel le Prophète (Bénédiction et salut soient sur lui) a dit : « Le premier endroit de la terre à exister est celui qui abrite la Maison. Puis c’est à partir de là que la terre fut étendue. La première montagne installée sur la terre est Abou Qoubays. C’est à partir de là que les montages furent installées (à leurs places).

Al-Manawi dit dans Faydh al-Quadir (3/108) dit :  Le terme mouddat est un verbe à la forme passive qui signifie : étendre (à partir de là toute la terre) : en différentes directions. Elle est alors au milieu de la terre et en constitue l’axe. 

Cependant le hadith a été rapporté par al-Aquilidans adh-dhouafaa al-kabir (2/341) et al-Bayhaqui dans Chouab al-iman (3/431) et par ad-Doulaymi dans Mousnad al-Firdaws et par Ibn Assakir dans Rarikhou Dimachq (10/31) et as-Souyouti l’a attribué au Tarikh d’al-Hakim dans al-Djaami (9603).

Tous ceux-là l’ont rapporté par la voie de Souleyman ibn Abdourrahman qui dit l’avoir rapporté d’Abdourrahman ibn Ali ibn Adjlaan al-Qourachi qui déclare l’avoir reçu d’après Abdoul Malik ibn Djourayh d’après Ibn Abas qui l’attribue hautement (au Prophète). Ce hadith est affaibli du fait qu’Abdourrahman ibn Ali est un inconnu et à cause de l’interruption de la chaîne au niveau d’Ataa ou Moudjahid qui semblent s’en attribuer le contenu.

Quant à Abdourrahman ibn Ali ibn Adjlaan ad-Dimachquique voilà, il a rapporté (des hadiths) d’après Ibn Djourayh et d’aprèès Abdourrahman ibn Thabit ibn Thawban, et des hadiths sont rapportés de lui par Souleyman ibn Abdourrahman et par Marou ibn Outhman al-Houmsi et par le fils de sa fille, Chaybatah ibn al-Walid.

Il n’a été déclaré sûr que par Souleyman ibn Abdourrahman qui a rapporté (le hadith) de lui selon ce qu’Ibn Assakir a cité dans sa biographie retracée dans Tarikhou Dimashq (35/133). Ce même Souleymane, surnommé, Abou Ayyoub ad-Dimaschqui, est critiqué à cause de ce qu’il a rapporté auprès d’inconnus. Ibn Maain dit de lui : il est sûr quand il rapporte (des hadiths) d’après des gens connus. Ibn Hibban dit de lui :  On peut retenir les hadiths qu’ils rapporte de gens célèbres. Quant à ce qu’il rapporte de gens inconnus, on y trouve des choses inacceptables.  Voir sa biographie dans Tahdhib al-Kamal (12/26). Voilà pourquoi certains ulémas n’ont pas accepté le crédit que Souleymane prête à certains auprès desquels il a rapporté (des hadiths.)

Al- Ouqayli a considéré Abdourrahman comme un inconnu et a remis en cause son hadith en l’attribuant à Moudjahid et à Ataa. Il a rapporté le hadith par des voies qui aboutissent à eux et dit dans adh-dhouafaa (2/341) à propos de la biographie d’Abdourrahman : « Il n’est pas connu comme un transmetteur (sûr) du hadith. Les hadiths qu’il a transmis sont réputés des propos d’Ataa. Il n’est pas connu comme un transmetteur (sûr) du hadith. Ali ibn Abdoul Aziz nous a raconté qu’Abou Nouaym lui a raconté qu’al-Harith ibn Ziyad al-Djouhfi a dit avoir entendu Ataa ibn Abi Rabah dire :  Abou Qoubays est la première montagne installée sur la terre.  Abou Yahya ibn Abi Massarrah nous a raconté que son père lui a dit que Said ibn Salim al-Miqdah lui a raconté qu’Ibn Abi Djarih lui a raconté que Moudjahid a dit : « Le premier endroit de la terre est celui qui abrite la Maison et c’est à partir de là que la terre fut étendue. Abou Djaafar dit :  Cette version mérite mieux d’être retenue.  Extrait succinct.

On a reçu d’Ibn Abbas (P.A.a) des proposabondant dans le même sens que le hadith que voilà et nous les verrons plus tard. Ce qui indique l’erreur de celui qui a attribué le hadith (hautement). Al-Albani l’a jugé faible dans as-Silsilah adh-Dhaifah,n° 5881.

Troisièmement, on a décelé dans les traditions reçues des compagnons (du Prophète) et de la génération qui les a succédés de nombreuses versions qui indiquent qu’ils pensaient que La Mecque était au centre de la terre.

1. On a rapporté d’Aboullah ibn Amrou ibn al-As ces propos :  Allah a créé la Maison mille ans avant de créer la terre. Quand son Trône était sur l’eau, la Maison apparaissait comme un morceau de beurre blanc. La terre était placée sous elle comme une housse puis on a retiré la terre pour la déployer. (Rapporté par at-Tabari dans son Tafsir (6/20) grâce à une chaîne composée d’hommes sûrs. L’auteur d’ad-dourr al-manthour (2/265), l’a attribué à Ibn al-Moundhir et at-Tabarani. Al-Bayhaqui en a fait de même dans chiib.

2. Ibn Abbas (P.A.a) a dit :  Les quatre piliers de la Maison furent installés dans l’eau deux milles ans avant la création du monde. Puis la terre fut déployée à partir de l’emplacement de la Maison.  (Rapporté par at-Tabari dans son Tafsir (3/61) grâce à une chaîne passable.

3. Abou Hourayrah (P.A.a) a dit :  La Kaaba fut créé deux milles ans avant la création de la terre.  On lui dit : Comment peut-il avoir été créée avant la terre alors qu’elle en fait partie ? -  Elle constituait une ile sur la surface de l’eau où deux anges glorifiaient (Allah) jour et nuit pendant deux mille ans. Quand Allah voulut créer la terre, Il l’en retira puis plaça la Kaaba à son milieu.  L’auteur d’ad-Dour al-manthour(1/115) a attribué cette tradition à Said ibn Mansour, à Ibn al-Moundhir et à Ibn Abi Hatim. J’en ai découvert la chaîne des transmetteurs dansmadjlisou imlaa fii rou’yatill Allah tabaaraka wa taalaa par Abou Abdoullah ad-Daqqaq (p.287) et dans Amaali d’Ibn Bichr (2/204). On trouve dans la chaîne des transmetteurs de la tradition Abou Maachar, Noudjayh ibn Abdourrahman dont la biographie est citée dans Tahdhib at-tahdhib (10/422). La plus part des traditionnistes le jugent faible.

En ce qui concerne la génération qui succéda aux compagnons (du Prophète), on a reçu de Moudhahid, d’Ataa, d’Amrou ibn Dinaar et d’autres des propos pareils comme on en trouve chez Ibn Abi Hatim et chez at-Tabarani, dans leurs Tafsir respectifs. On les retrouve encore dans le Mousannaf d’Abdourrazzaq (5/90). Les ouvrages intitulés : Akhbaarou Makka d’al-Azraqui et Akhbaarou Makka d’al-Fakihaani regorgent de telles informations.

Il est probable que ces traditions aient le statut de propos à attribuer hautement (au Prophète) comme il est aussi probable qu’elles soient reçues des gens du livre car leurs écritures sont bourrées d’informations relatives à la création des cieux et de la terre et au début de la création. Ceci s’atteste dans le fait que la tradition susmentionnée soit reçue de Kaab al-Ahbaar. Abdourrazzaq le rapporte de lui dans al-Moussannaf (5/95) en ces termes :  La Maison était une écume sur la surface de l’eau quarante ans avant qu’Allah Très-haut n’eût créée la terre. Ce fut à partir de la Maison que la terre fut déployée.  L’imam Ahmad rapporte dans son livreFadhail as-Sahabah (2/901) selon Qatadah (Puisse Allah lui accorder Sa miséricorde) que c’est le rocher de Jérusalem qui constitue le centre de la terre. Ceci donne le sentiment que toute cette affaire repose sur des informations contradictoires reçues des gens du livre.

Quatrièmement, il découle de ce qui précède qu’on ne trouve pas un argument clair et assez solide pour prouver que La Mecque constitue le centre de la terre. Cependant les allusionsqui se dégagent d’une partie des textes que nous avons cités, pris au sens que certains ulémas en ont tiré, ajoutés aux traditions susmentionnées, tout cela donne le sentiment que ces proposont un fondement. On y trouve des indices qui donnent du poids à l’avis qui soutient que La Mecque constitue le centre de la terre, à moins que des preuves scientifiques ne viennent prouver le contraire.

Cinquièmement, sur le plan strictement scientifique, nous ne sommes pas des spécialistes des sciences de la terre ni des géographes. Dès lors, nous en tenons à ce qui vient d’être dit. Nous vous renvoyons toutefois à certains spécialistes, des scientifiques qui ont mené de recherches sur le sujet et sont parvenus à la conclusion que La Mecque est au centre de la terre et à son milieu. Peut-être trouvera-t-on dans les résultats de leurs recherches scientifiques ce qui consolide cette idée tout en admettant la possibilitéde poursuivre et d’approfondir les recherches. Car la question est en définitive une affaired’effort d’interprétation personnel susceptible d’être juste ou injuste.

Voir la recherche intitulée Isqaat al-kourrah al-ardhiyyah bi bisbati li Makka al-moukarrmah par Dr Houssein Kamalouddine Ahmad, publiée dans Madjallatoul bououth al-ilmiyyah, Ryadh(2/292) et la recherche intitulée al-isqaat al-makki du savant Dr Houssein Kamaoudine Ahmad publiée dans Madjallatoul bououth al-ilmiyyah, Ryadh(6/225).

Allah le sait mieux.

Source: Islam Q&A