Jeudi 6 Djoumada 1 1446 - 7 novembre 2024
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L’attitude du croyant envers le sens et la modalité des noms et attributs d’Allah

Question

On sait que l’ensemble des partisans de la Sunna et la Djama’a affirment les attributs du Seigneur, Gloire Lui sera rendue, sans en préciser la modalité, ni l'analogie, ni l'assimilation, ni le reniement (les vider de leur sens). Dans leur affirmation ils interprètent la modalité et définissent la signification en s’appuyant sur la célèbe parole de l’imam Malek : « L’établissement sur le Trône est connu mais la façon est méconnue. » Ce qui me pose problème est que si nous adoptons cet avis pour tous les attributs, on pourrait nous rétorquer : « Comment expliquer qu’Allah rit ? Et expliquer le visage d’Allah ? De même la miséricorde d’Allah ? Aussi la jambe d’Allah ? Et les autres attributsd'Allah. 

Ne faut-il pas connaître leur sens  digne  d'Allah pour éviter de nous en remettre à Lui  (Tafwidh) pour la connaissance de leur sens exact ?  Le problème aussi est que quand les arabes expliquent ces vocables, ils leur donnent le sens connus chez les créatures. Eclairez-nous car le sujet nous a rendu perplexes. Des innovateurs issus de l’école ach’arite nous ont rendu les choses plus obscures. 

Texte de la réponse

Louange à Allah.

Premièrement :

Les gens de la Sunna et la Djamaa' n’interprètent pas la modalité des attributs et des noms d’Allah. Concernant la connaissance de cette modalité ils s’en remettent à Allah (Tafwidh). Ils croient aux attributs du Seigneur le Très-Haut et croient en leurs signification mais s’en remettent à Allah, Gloire Lui sera rendue, pour la connaissance de leurs modalités.

Les imams Ibn Al-Madjichoun, Ahmed Ibn Hanbal et d’autres ancêtres pieux ont dit : « Nous ne connaissons pas la modalité de ce qu’Allah nous a informé de Lui-même mais nous en connaissons la signification et l’explication. » Extrait de Dar’ou Ta’aroudh Al ‘Aql wa An-Naql (1/115).

Abou At-Tayyib, père d’Abou Hafs ibn Chahine (Puisse Allah lui accorder Sa miséricorde) a dit : « J’étais auprès d’Abou Dja’far at-Tirmidhi quand un homme lui a posé une question concernant le hadith de la descente du Seigneur en ces termes : « Comment est la descente ? Existe-t-il une hauteur au-dessus de Lui ? »  Il a répondu : « La descente est comprise mais sa modalité est ignorée. On doit y croire mais s’interroger sur le sujet est une innovation. »

L'imam Adh-Dhahabi a dit : « Le Faqih et l’érudit de Bagdad en son époque a dit vrai. En effet, s’interroger sur la descente est une ignorance car on ne doit s’interroger que sur un terme linguistique étrange, sinon les termes : la descente, la parole, l’audition, la vision, le savoir et l’établissement (sur le Trône) sont évidemment clairs pour l’auditeur. Si Celui Qui est à nul autre semblable (Allah) possède ces attributs, alors l’attribut dépend du nom auquel il est attribué, de là Ses modalités échappent à la connaissance des humains. » Extrait d’Al-‘Oulouwou li Al-‘Aliy Al-Ghaffar (p.213-214).

Abou Bakr Al-Isma’ili a dit : « Il S’est établi sur le Trône sans modalité. En définitive Il a dit qu’Il S’est installé sur le Trône et Il n'a pas mentionné comment s'est faite cette installation. » Extrait de Ma’aridj Al-Qaboul (1/198).

Le dogme des gens de la Sunna et la Djamaa' relatif aux attributs du Seigneur, le Très-Haut, consiste à les affirmer et en affirmer leurs significations qui illustrent sa réalité et sa signifiance linguistique et s’en remettent à Allah en ce qui concerne leurs modalités et les essences. Ils croient aussi que cela ne doit pas faire comprendre l’assimilation du Seigneur ou de Ses attributs à ceux des créatures, car Il, Gloire Lui sera rendue, est à nul autre semblable aussi bien dans Son Essence que dans Ses attributs.

Deuxièmement :

Les propos de l’auteur de la présente question « si nous adoptons cet avis pour tous les attributs, on pourrait nous rétorquer : « Comment expliquer qu’Allah rit ? Et expliquer le visage d’Allah ? » Nous lui disons qu’il s’agit d’affirmer qu’Allah rit réellement et non pas métaphoriquement mais de la manière qui Lui convienne, Gloire Lui sera rendue, sans analogie, ni assimilation. Nous affirmons l’attribut et sa signification mais nous nous en remettons à Allah en ce qui concerne la modalité pour chacun des attributs comme on l’a déjà dit.

Cheikh Ibn Djabrine (Puisse Allah lui accorder Sa miséricorde) a dit : « Nous affirmons l’attribut et nous en contestons l’assimilation, celle-ci étant réservée exclusivement aux créatures. Aussi, nous disons qu’Allah le Très-Haut l’a attribué à Lui-même et nous le Lui affirmons sans exagérer dans l’analogie, ou de dire de l’attribut ce qui n’est pas vrai. Il est bien connu que l’attribut d’une créature lui convient. Son rire est un éclat de rire et un son émis suite au constat d’une chose qui lui plait ou qui le jouit. Quant au Seigneur, Il rit selon Sa volonté, cependant cet attribut divin nous ne connaissons pas sa modalité. » Extrait de Fatawas Cheikh Ibn Djabrine   (96/63).

Troisièmement :

Les propos de l’auteur de la présente question : « Ne faut-il pas connaître leur sens digne d'Allah pour éviter de nous en remettre à Lui (Tafwidh) pour la connaissance de leur sens exact ? » Il a déjà été expliqué dans le cadre de la réponse donnée à la question N° 138920 la signification du fait de s’en remettre à Allah (Tafwidh) à propos de Ses noms et attributs. Pour résumer ce qui a été dit, on peut dire que le (Tafwidh) a deux significations :

La première c'est l’affirmation du terme et de sa signification qui l'illustre tout en s’en remettant à Allah à propos de la connaissance de sa modalité. Cette notion est exacte, et c’est la doctrine des gens de la Sunna et la Djamaa'.

La deuxième c'est l’affirmation du terme sans connaître sa signification. Cette notion est fausse.

Sachant qu’il y a une grande différence entre la connaissance de la signification et l’affirmation de l’attribut (d’une part) et la connaissance de la modalité (d’autre part).

Les ulémas de la Commission disent : « Il faut reconnaître à Allah ce qu’Il S’est attribué comme les mains, les pieds, les doigts et d’autres attributs mentionnés dans le Coran et la Sunna, et admettre qu’Il les possède d’une manière qui convienne à Allah, Gloire Lui sera rendue, sans altération, sans en préciser la modalité, sans analogie et sans reniement (les vider de tout sens) car ces attributs sont réels et non métaphorique. » Extrait de Fatawas de la Commission Permanente (376/2).

Nous devons faire la distinction entre le sens auquel nous devons croire et affirmer, et la modalité qu’il nous est impossible de connaître, car notre Seigneur, le Puissant et Majestueux est à nul autre semblable.

Cheikh Al-Islam Ibn Taïmiya (Puisse Allah lui accorder Sa miséricorde) a dit : « De nombreux (rapporteurs) ont relaté le consensus des ancêtres pieux, notamment l'imam Al-Khattabi, que la doctrine des ancêtres pieux était d’interpréter les attributs selon leurs sens apparents tout en niant la connaissance de leurs modalités et sans les assimiler à ceux des créatures, étant donné que ce qui se dit des attributs découle de ce qui se dit de l'essence, on y suit le même exemple. Si l’affirmation de l’essence signifie l’affirmation de son existence sans s’étendre sur sa modalité, il doit en être de même pour l’affirmation des attributs. C’est pourquoi nous disons qu’Allah possède une main, une ouïe mais nous ne prétendons pas que la main signifie la puissance et l’ouïe signifie la connaissance etc. Ces attributs sont ceux d’Allah, le Très-Haut, le Transcendant de la manière qui convient à Sa Majesté, et leur attribution à Son Essence divine est comme l’attribution des caractéristiques de chaque chose a elle-même. On sait que le savoir est un attribut intrinsèque de celui à qui il est attribué et il possède ses caractéristiques. Il en est ainsi du visage … et il en est de même pour « Son action ».  Nous savons que la création c’est la conception des créatures à partir du néant. Nous n’abordons pas la modalité de cet acte qui ne ressemble pas à nos actes puisque nous n’agissons que parce que nous avons besoin de cet acte, alors qu’Allah Se suffit à Lui-même (n’a besoin de rien) et Digne de louanges.

Il en est de même de « l’Essence ». Elle est connue dans son ensemble mais elle ne ressemble pas aux essences créées, et que Seul Lui connait Qui Il est et on n’en connait pas la modalité. Voilà ce qu’on retient de la vulgarisation de ces attributs et voilà ce qu’il faut en comprendre.

Le croyant connait les dispositions relatives à ces attributs et leurs résultantes, et c’est justement ce qui lui est demandé. Qu’il sache qu’Allah est en vérité Omnipotent et qu’Allah a embrassé toute chose de Son savoir, et qu’au jour de la Résurrection Il fera de la terre entière une poignée et les cieux seront pliés dans Sa main droite et que les croyants regarderont le visage de leur Créateur au Paradis et en jouissent d’une jouissance qui rend toute autre jouissance insignifiante, etc. Le croyant sait encore qu’il a un Seigneur, un Créateur Qui mérite d’être adoré mais il n’en connait pas l’essence. L’extrême savoir des créatures est ainsi : elles connaissent certains aspects de la chose sans en saisir pleinement, et ce qu’elles connaissent d’elles-mêmes est de cette nature. » Extrait de Madjmou’ Al-Fatawa (355-358/6).

Quatrièmement :

Les propos de l’auteur de la présente question : « Le problème est que quand les arabes expliquent ces vocables, ils leur donnent le sens connu chez les créatures. »

Nous disons : « Quand les arabes expliquent les qualités des créatures, ils le font en fonction de ce qu’ils constatent, savent et saisissent chez les créatures, comment dès lors se permettre d’expliquer les attributs du Seigneur, le Transcendant Qui n’est à nul autre semblable, nul regard ne peut L’atteindre, et ils ne peuvent Le cerner de leur science ?! »

N’échappe aux ambiguïtés des innovateurs que celui qui suit la voie des ancêtres pieux (Salaf), suit leur chemin et marche sur leurs traces. 

Et Allah, le Très-Haut, sait mieux.

Source: Islam Q&A