Vendredi 21 Djoumada 1 1446 - 22 novembre 2024
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Le manque de révérence lui inspire des doutes par rapport à la valeur de ses prières

Question

J’espère qu’on m’apprendra comment aimer et tirer un plaisir du culte que je rend à Allah. Chaque fois que je vois des étrangers devenus musulmans jouir de la profonde quiétude, je pleure sincèrement parce que je voudrais devenir comme eux. Quand j’écoute des conférences et des récits portant sur la vie des prophètes; quand j’écoute le Coran et quand je pense à la mort, je pleure. Cependant une heure ou deux plus tard, je redevins comme j’étais (avant les moments de la forte émotion) et recommence à négliger la prière et bien d’autres choses.Ce qui me fait croire que je m’éloigne de nouveau de ma religion et que je pourrais même l’abandonner.Beaucoup de doutes m’envahissent alors et j’arrive pas à m’en débarrasser. Peu de temps au paravant, quand je sortais avec mes amis, j’attendais mon retour à la maison pour accomplir deux rakaa car j’aimais beaucoup la prière. Maintenant, je voudrais reprendre cette pratique mais je n’y arrive pas. Quand il m’arrive de prier , je m’empresse à terminer ma prière. Je suis au bord de l’effondrement .Je suis toujours sûr que l’islam est la vraie religion mais je crains que la mort ne me surprenne alors que j’éprouve le doute et que mon oeuvre ne soit pas agréée.

Texte de la réponse

Louange à Allah.

Il est clair pour nous que votre question reflète une tendance à l’exagération qui ne se limite pas à l’amplification et à l’aggravation des problèmes mais en fait la cause d’un  effondrement  , selon votre expression, d’une vraie crise psychologique qui empêche de travailler et fait naître un désespoir mortel. Or, les choses sont beaucoup plus faciles. Allah soit loué par Sa grâce. Après tout, vous êtes un musulman accompli. Allah soit loué. Vous adhérez aux six piliers de la foi puisque vous croyez en Allah, à Ses anges, à Ses livres, à Ses messagers , au jour dernier et au Destin, bon ou mauvais. Vous vous souciez de la reconnaissance des piliers de l’islam, à commencer par les deux professions de foi et vous vous conformez aux pratiques qui en découlent comme la prière, la zakat, le jeûne et le pèlerinage.

Tout ce qui précède constitue des facteurs de l’accession à un haut rang auprès d’Allah le Transcendant. Nous croyons tous à Son unicité et aux messages qu’Il a révélés. Nous attestons la prophétie de notre prophète et messager Muhammad (Bénédiction et salut soient sur lui) et nous proclamons notre engagement à le suivre et à appliquer sa loi. Pourquoi ne pas considérer tous ces acquis relevant de la foi et constituant des réalités certaines hautement appréciées par Allah le Transcendant?

Ne faisons nous partie de la communauté de Muhammad (Bénédiction et salut soient sur lui) dont il a promis chaque membre d’accéder au paradis, pourvu de dire avec une profonde sincérité: il n’y a pas de dieu en-dehors d’Allah?

N’avons nous pas entendu ce hadith d’Abou Dharr (P.A.a) selon, lequel le Prophète (Bénédiction et salut soient sur lui) a dit: « Voilà Gabriel que je viens de rencontrer quelque part dans la Harra et qui m’a dit:

- Apporte à ta communauté cette bonne nouvelle selon laquelle celui d’entre eux qui meurt sans rien avoir associé à Allah entrera au paradis. 

- Même s’il a volé et forniqué?

- Oui. 

-"Même s’il a volé et forniqué? »

- Oui, et même s’il consommait du vin.  (Rapporté par al-Bokhari,6443).

Allah soit loué. Vous veillez à l’observance du culte notamment la prière. Ce faisant, vous avez l’impression de commettre une certaine négligence dans votre manière d’afficher votre humilité et votre révérence par rapport à ce qui devait être fait. Ce qui arrive à bon nombre de musulmans. On demande à ceux-là de poursuivre l’effort déployé pour maîtriser leur âme dans le but de goûter le plaisir du culte recherché par tous les pieux. Qu’ils prennent exemple sur Thabit al-Banani (Puisse Allah lui accorder Sa miséricorde) qui dit:  J’ai souffert de la pratique de la prière pendant 40 ans avant de m’y livrer avec plaisir pendant 20 ans.  (Rapporté par Abou Nouaym dans Hilyatoul Awliyaa, 2/320)

L’effort déployé pour s’astreindre à une pratique constante du culte et la persévérance qui traduit la réalité de l’intérêt qu’on y porte avec sincérité et humilité, tout cela polarise la préoccupation des vrais pieux. Nul ne peut prétendre avoir atteint la perfection dans ce domaine. Toutefois, cette préoccupation ne doit pousser personne au désespoir car Allah le Transcendant et Très-haut déteste ceux qui perdent l’espoir dans Sa grâce et Sa miséricorde:  Et qui désespère de la miséricorde de ton Seigneur, sinonles égarés? (Coran,15:56) et aime Ses fidèles serviteurs qui s’attendent toujours à bénéficier de Sa miséricorde et de Sa grâce. L’ampleur de Sa générosité est telle qu’Il pardonne les mauvais actes , faux pas et manquements. Bien plus, le Transcendant et Très-haut a dit:sauf celui qui se repent, croit et accomplit une bonne œuvre; ceux-là Allah changera leurs mauvaises actions en bonnes, et Allah est Pardonneur et Miséricordieux; et quiconque se repent et accomplit une bonne œuvre c’est vers Allah qu’aboutira son retour.  (Coran,25:70-71)

Ibn Qayyim al-Djawziyyah (Puisse Allah lui accorder Sa miséricorde) a dit: « La quiétude qui doit accompagner l’accomplissement des fonctions religieuses est celle qui se traduit par l’humilité, la révérence, la baisse du regard et la concentration du coeur (la pensée) sur Allah Très-haut au point que la pratique cultuelle associe le coeur et le corps (l’apparent et le caché). La révérence est le fruit qui résulte d’une telle quiétude. Quand la révérence domine le coeur , elle affecte les autres organes. Quand le Prophète (Bénédiction et salut soient sur lui) vit un homme en prière tout en manipulant sa barbe, il dit: Si le coeur de cet homme était dominé par la révérence, cela se refléterait sur ses autres organes. 

Si vous me demandez le moyen d’y parvenir, je dirais qu’il s’agit pour le fidèle serviteur de faire en sorte que son observance de son Très-auguste Maitre le pousse à se comporter comme s’il Le voyait. Plus l’observance s’enracine plus elle cultive un sentiment de pudeur, de tranquillité , d’amour, de révérence, de peur, d’espérance que rien d’autre ne peut entraîner. L’observance (le développement d’un sens aigu de la présence divine) est la base et le socle qui sou tendent tous les actes du coeur (internes).

Le Prophète (Bénédiction et salut soient sur lui) a réuni tous les fondements et branches desdits actes en un seul mot quand il dit à propos de l’ihsaan (observance): C’est adorer Allah comme si tu le voyait. Méditez sur chaque niveau de la pratique religieuse et sur chacun des actes du coeur, vous vous rendrez compte qu’il a toute sa racine et sa source dans l’observance.

Il s’agit d’affirmer que le fidèle serviteur a besoin de la quiétude devant les intrigues qui s’infiltrent dans les fondements de la foi. Il faut que son coeur soit renforcé et rendu inébranlable en face des instigations et mauvaises pensées qui remettent en cause les actes qui découlent de la foi. Car on ne doit pas laisser des obsessions se transformer en soucis et tourments qui ne cessent de s’aggraver au point de détruire sa foi.

La tranquillité du coeur et la quiétude doivent être recherchées en cas de résurgence des différentes causes de crainte comme elles doivent l’être en cas de joie pour garder son équilibre et éviter de dépasser la limite au-delà de laquelle la joie se transforme en chagrin. » Extrait de iilaam al-mouwaqqiin,4/155-156.

Sachez que le fait pour vous d’accomplir vos prières à leurs heures et de veiller à maîtriser votre âme pour l’astreindre à la révérence et la glorification d’Allah pendant la prière, tout cela insère vos oeuvres parmi les plus aimées d’Allah, même si les mouvement de votre langue et de vos autres organes étaient insignifiants et ne traduisaient pas ce qui se passe dans votre coeur à propos de vos rapports avec Allah le Transcendant. Il est à espérer qu’Allah découvre ce qui se passe dans votre coeur en fait de préoccupation et de désire sincère de parvenir à la bonne pratique du culte susceptible d’engendrer la quiétude tant recherchée. Allah vous aiderait à l’obtenir et inscrirait à votre profit la récompense de la lutte que aurez menée et des douleurs et aspirations que vous auriez expérimentées.

Al-Ghazali (Puisse Allah lui accorder Sa miséricorde) a dit: « Employer sa langue pour solliciter le pardon est bien. La remuer dans ce sens, fût-ce machinalement, vaut mieux que de l’utiliser pour médire un musulman ou dire des futilités ou se taire. Son mérite est évident comparé au silence. Il reste toutefois moins méritoire par rapport aux actes du coeur. C’est pourquoi un disciple a dit à son maître Abou Outhman al-Maghribi: «Parfois ma langue pratique le rappel d’Allah et la lecture du Coran alors que mon coeur est ailleurs?-Le Maître lui répond:  Rends grâce à Allah puisqu’Il a utilisé l’un de tes organes dans le bien et t’a donné l’habitude de pratiquer le rappel au lieu de faire un mauvais usage de ton organe ou de l’habituer aux vaines paroles.  

Ce qu’il a dit est vrai. Donner de bonnes habitudes aux organes au point qu’elles deviennent naturelles nous évite un bon nombre d’actes de désobéissance.Celui qui acquière l’habitude de solliciter le pardon divin chaque fois qu’il entend quelqu’un mentir s’y conforme spontanément. Celui qui a l’habitue à se livrer à des balivernes, dirait au menteur:  Quelle stupidité et quel mensonge! Ceci fait partie des significations de la parole du Très-haut : Certes, Allah ne fera perdre aux bienfaiteurs leur récompense.  et des significations de la parole du Très-haut:  Certes, Allah ne lèse (personne), fût-ce du poids d’un atome. S’il est une bonne action, Il la double, et accorde une grosse récompense de Sa part. (Coran,4:40 )

Voyez comment Allah multiplie la récompense! Il fait de la demande de pardon prononcée dans l’insouciance une habitude de la langue qui, pourtant nous évite le mal inhérent à la désobéissance que constituentla médisance,la malédiction et les vaines paroles. Ceci est une multiplication ici-bas des moindres actes d’obéissance. Celle à venir dans l’au-delà est bien plus importante. Si seulement ils le savaient! Evitez de prêter une trop grande attention aux manquements qui frappent vos actes d’obéissance car ton désir de les accomplir en serait affecté. C’est une ruse que Satan ,le damné, développe au sein de ceux qui se prennent pour des gens dotés d’une vue intérieure pénétrante apte à détecter les secrets les plus profonds. (Ladite ruseinspire à ces derniers cette question): quelle est l’utilité d’un rappel prononcé par la langue alors que le coeur reste dominé par l’indifférence?

Par rapport à cette ruse , les créateurs se devient en trois groupes: un groupe injuste à l’égard de lui-même, un groupe modéré et un groupe qui surpasse tous les autres dans les bons actes. Quant au premier, il dira au diable:  Tu as dit vrai, ô damné! Mais ta vérité ne l’est qu’en apparence. C’est pourquoi je t’infligerai une double souffrance et une double humiliation. J’associerait mon coeur au mouvement de ma langue.  Celui qui réagit de cette manière devient comme quelqu’un qui traite la blessure causée par Satan en y pulvérisant du sel.

Quant à l’injuste trompé, il reste sous l’emprise de l’orgueil qui l’empêche de saisir l’aspect que voilà et le rend incapable d’éprouver la sincérité dans son coeur. De ce fait, il cesse d’habituer sa langue au rappel d’Allah et prête le flanc à Satan en lui permettant de se saisir de la corde que représente la tromperie dans laquelle il baigne. Ce qui revient à conclure entre eux un accord de partenariat à l’instar de ce qui fait dire: la complicité les unissant son accord avec lui l’a libéré.

Quant au modéré, il n’a pas pu associer le coeur au mouvement de la langue mais il est demeuré conscient de cette lacune et il s’est efforcé de le corriger tout en ayant recours pendant ce temps au silence pour éviterles vaines paroles. Il poursuivit cet effort et demande à Allah Très-haut d’habituer son coeur et sa langue au bien.

Quant au supérieur, il est assimilable au tailleur qui, à défaut de pouvoir exceller dans son métier, le quitte pour devenir écrivain. L’injuste ayant échoué est, lui, assimilable au tailleur qui, faute de succès, laisse le métier pour devenir balayeur! Le modéré est assimilable à l’écrivain qui, faute de réussir dans son art, dit je n’ignore pas que le métier du tailleur soit déprécié comparé à celui de l’écrivain mais pas par rapport celui du balayeur. A défaut de pouvoir réussir en tant qu’écrivain, je me contente de celui de tailleur. Autrement dit, il faut comprendre sur quoi l’on doit se fonder pour apprécier et déprécier car cela porte sur des choses relatives. Il ne sied pas de les aborder sans tenir compte de leur caractère relatif. Il ne faut surtout pas sous estimer un atome d’actes de bienfaisance ou de malfaisance. » Extrait de Ihyaa uloum ad-diine,4/48.

Cela dit, un sage a dit:  pour réaliser ses espoirs , il faut se mettre à l’oeuvre. 

Nous entendons dire que pour vous arracher à l’état de désespoir dans lequel Satan vous a plongé, il faut avoir présent à l’esprit ce qui a été dit à propos du bon augure qu’inspire la miséricorde divine, de l’adoption de l’exemple des pieux, de l’ardeur au travail et de la pratique assidue de la prière avec le respect strict de ses heures, sa préparation grâce à des ablutions en bonne et due forme, son accompagnement par une récitation lente marquée par la révérence et la récitation des formules de rappel d’Allah à sa fin. N’oubliez surtout pas de dire au sortir de chaque prière:  Monseigneur, aide-moi à Te rappeler, à Te remercier et à bien observer Ton culte. 

On n’a déjà cité dans le présent site des réponses portant sur la torpeur, sur ses causes et remèdes. Voyez la question n° 47565et la question n°70314. On trouve encore dans le site des réponses relatives aux doutes et obsessions. 

Allah le sait mieux.

Source: Islam Q&A